boris violan
fait de la musique, mais ce n'est pas de sa faute...
il ne sait pas bien si c'est bon signe quand les voix dans sa tête l'obligent à faire des choses bizarres avec sa bouche et ses mains, mais il se dit qu'il vaut mieux leur obéir. boris est un gentil garçon, il ne faut pas lui en vouloir.
dimanche 29 février 2004
c'était un dimanche normal, de fin d'hiver, gris et triste, fortement marqué par l'oppression du froid et des ambiances mortes. boris sentait chez lui un curieux mélange de sentiments vagues et peu souriants, et de pulsions génératrices de matières informationnelles. ça bataillait ferme dans sa tête.
il lui sembla que la meilleure manière de combiner les deux était de mortifier le moment présent en le couchant sur la matière sonore, de le figer pour delà le temps, dans un cocon de vibrations acoustiques abstraites.
boris voulait exprimer quelque chose. il fait froid est une ode au courage des uns qui s'en vont dans l'habitude dominicale faire vibrer en choeur les pavillons d'auditeurs pas vilains, aux dites heures du soir.
dimanche 29 février 2004, plus tard
lancé dans son délire, boris n'y tient plus, et veut pousser plus loin l'expression du désespoir. il développe une musique mélancolique, à la guitare à repèges, et écrit, avec ses doigts, de petites paroles très dans l'instant, auxquelles la simplicité confère un étrange pouvoir de subordination.
mais le génie musical de boris n'est nullement content, et à l'instar des pionniers des studios dans les années cinquante, il voudrait apprendre les paroles à l'envers, les chanter ainsi, puis retourner le son et retrouver le sens des mots, et le choc du tempo. surtout que la musique, une fois retournée et dégradée avec obstination, devient une charmante berceuse électronique.
le plus malheureux dans cette histoire, c'est que le démon de la fête lui envoya sans plus tarder ses troupes félonnes, qui le firent absorber plus de substances psycho-actives, et interrompirent ainsi son élan de dur labeur au profit d'une façon plus légère de tuer les heures. boris n'avait alors retourné que deux phrases, mais elles restent gravées dans nos oreilles telle une promesse d'un futur à peine imaginable.
il faut considérer comment faire comme une tentative interrompue d'atteindre un stade plus avancé encore dans la grâce artistique, et ainsi donc comme une protestation liée au libre choix d'arbitre de l'artiste, dans ses convictions, pratiques et dégénérescences.
mardi 2 mars 2004
nouvelle poussée de fièvre productible. désireux de viser le stade ultime de l'expression engagée, boris se dit qu'il pourrait produire un morceau parlant de la détresse humaine dans son plus grand D. "où faut-il aller chercher l'amour ?" demande-t-il dans un grand cri philosophico-sexuel ?
cette opéra moderne, produit sur un ton très électro, repose sur une basse puissante, apte à lancer les foules dans un élan disproportionné de volontarisme. il pense même à faire chanter cindy en réponse à sa propre voix - la voix du monde de sa tête - mais le projet se perd dans les méandres du chaos social globalisé.
mercredi 3 mars 2004
malheur ! un problème technique aigu et technique empêche boris de récupérer l'intégralité de son fichier de la veille. l'élan lyrique de chercher l'amour se trouve un peu brisé, et c'est dans une forme autre qu'il continuera sa route.
espérons tous en tremblant que boris saura rebondir sur les vagues de l'agitation de la vie pour se propulser encore un cran plus loin dans la création et livrer au monde -qui sait ?- la clé d'un lendemain débarrassé de ses doutes et tentations.
jeudi 4 mars 2004
aussitôt dit, aussitôt fait. boris, sentant la semaine lui filer entre les oreilles, a cravaché ferme et, sur une impulsion au retour du grand marché, a décidé de rendre hommage à un monument de sa propre vie nocturne, voire de celle d'autres gens aussi. Le grandoussoyeux émerge, par les amis sympas de fischerspooner, s'est vu propulsé, une fois de plus dans la gloire la plus totale, dans le panthéon des hymnes de l'humanité.
c'est une version poignante que boris nous livre là, chargée de toutes ses testicules, jouée sur une vraie guitare électrique de rêve dont boris a oublié la marque -lui qui est si loin de ces détails véniels. le projet, enregistré partiellement en trois endroits superbes de la grande et chaude ville de liège (belgium), s'est vu rehaussé dans sa luxure par la présence de miranda, certes choquée, mais toujours si délicate et audacieuse.
et pour n'en pas finir de plus faire tous les jours, boris, qui se sentait transporté à la réécoute de son hommage, trébucha sur le mike et, dans un grand délire de lumières et fumées artificielles, se retrouva projeté dans une dimension parallèle, précipité dans le hip hop. très power.
soucieux de respecter les uns comme les autres, et ce par tous les côtés, boris se cria à lui-même (donc sans le prononcer vraiment dans sa bouche, qu'il réserve à de plus nobles paroles) : "allez, boris, vas-y, intègre le monde, trouve ton flow". et parfois, ainsi, de la façon la plus simple et la plus innocente qui soit, jaillit dans la lumière du petit matin du jour une construction savante et cérébrale, se parant de milles harmonies, frisant le génie, explosant les frontières du hip hop timide...
quelle grande journée pour boris. à noter qu'une technique d'enregistrement particulièrement spontanée à réduit ce morceau à une version mono.
dimanche 8 mars 2004
décidément, le dimanche est un jour qui remplit les membres de démangeaisons très particulières, celles qui poussent à agiter un objet sonore, appuyer de façon répétée sur des touches blanches ou noires, voire gratter des filaments groupés au-dessus d'une grotte à son, tout ça dans l'espoir de soulager ses pavillons, qui eux ne peuvent étreindre quelqu'objet.
boris violan, qui a grandi dans la grande tradition du dimanche musical, est très sensible à ce genre de perturbations, et ne manque jamais de consacrer sa soirée à l'expression de sa sensibilité affirmée.
mais ce soir, boris se sent moins. il se pense nul, incapable, ignorant et maladroit. jamais, au grand jamais, il n'arrivera à la cheville d'un gentil garçon comme aidan smith, qu'il a accidentellement vu en pleine expression de son génie dans un pays de l'étranger, pas très loin mais quand même différent.
depuis, c'est avec fièvre qu'il écoute en boucle les quelques productions qu'il a pu trouver sur internet (légalement, hein), de pauvres pré-écoutes de l'album dans une qualité à faire pleurer la madame qui vend le pain en face de chez lui, qui pourtant est une sacrée mégère.
intrigué par la puissance et la magie, littéralement, d'une chanson aux accords pourtant simplistes, boris a fini par en apprendre par coeur les paroles, avant de coucher sur la bande digitale sa version, qu'il aimerait vraiment beaucoup envoyer à son auteur d'origine, mais il n'a point pu trouver d'adresse personnelle.
monsieur smith n'est en effet pas encore distribué de par nos contrées. you really got a hold on me est donc un pis-aller, une version à écouter à défaut d'original, un remerciement au monsieur, une carte postale de la part d'un auditeur. à noter qu'il existerait une version alternative très peu orthodoxe avec un message qui fait foirer le solo de sifflet.
mardi 1er juin 2004
alors qu'il avait passé une journée plus que formidable, boris, rentrant chez lui au soir, apprend, ô horreur, que son honneur a été baffoué, qu'on a injustement traîné son image dans la boue, qu'il a été victime d'une trahison des plus odieuses et viles. rien ne saurait plus le sauver, si ce n'est un chemin semé d'embûches, tracé de braises rougoyantes, gardé par un couple de dragons sanguinaires et affamés.
faisant acte d'une bravoure sans faille, il déjoue le piège, renverse la situation, se voit porter par la force de sa famille, celle avec qui il partage tout, et retrouve finalement, au creux de la nuit, une quiétude mèlée de mélancolie, propice aux divagations de l'âme et à l'expression de ses tourments.
il en ressort un des plus beaux moments de chanson que boris ait eu l'honneur de produire. ça mériterait un peu plus de soin, mais bon, ça, tu dois saisir...
samedi 10 octobre 2004
que d'aventures profondes depuis le dernier épisode. plusieurs mois de folie, un été en tongues, une (re)découverte de l'amour, une perdition totale dans un travail des plus triste, on ne sait pas bien comment notre héro a réussi à conserver cette volonté molle qui le range dans la classe des vrais artistes du quotidien d'aujourd'hui. heureusement, l'appel de la musique finit par se réveiller et faire sonner son carillon carré.
poussé par un besoin pressant de sortir de lui-même, boris (ré)invente son studio et tente une synthèse des leçons à 8 bits qu'il a prises pendant les vacances. il se met sur son (mini)31 et avec ses gros sabots dévale les pleines colorées du Comodo Varant4.
lundi 27 décembre 2004
il ne faut pas croire que boris n'aime pas le monde, mais en même temps, il apprécie toujours échapper à la pression sociale et se voir laissé de côté lorsqu'il s'agit de faire des "salut ça va" et des discussions mondaines. par contre, il adore prendre des douches, ce qu'il ne manque pas de faire souvent, mais pas trop, car il ne faut pas agresser sa peau et décimer les organismes qui y mènent une existence paisible.
bref, tout cela pour dire que boris aime encore bien qu'on l'oublie dans un coin...
mardi 28 décembre 2004
cette fin d'année est une période faste pour boris. non content de remasteriser la plupart des morceaux précédemment mis à votre disposition sur ce site, il dépoussière de vieux instrumentaux et en fait de petits moments de plage idéaux pour accompagner l'un ou l'autre arbre de noël.
entre autres souvenirs, il y avait Hervé et les enfants dans le train, qui alignaient des mots pour faire passer des messages. déjà un goût du voyage, en ces temps de sports d'hiver.
mercredi 29 décembre 2004
parce qu'il commençait un peu trop à s'y croire, boris a voulu faire son méat culpa et reconnaître les limites de sa maîtrise des harmoniques. c'est vrai qu'il chante un peu faux, et on ne peut pas vraiment le qualifier de guitariste émérite, alors il était temps de hisser le drapeau du triomphe de la vérité, et dire que bon, c'est vrai, il fait ce qu'il peut, mais c'est parfois, un peu, vraiment, tout juste limite.
merci pour la vérité.
mardi 1 février 2005
parfois, on le sent, la vie s'enfonce dans le bonheur, et même si on pourrait croire qu'en fait c'est une bonne chose, ça peut commencer à déteindre sur le plaisir en lui donnant une couleur un peu triste. pourquoi ? sans doute le manque d'agitation, de revendication, l'absence de combat, en somme.
boris en était là, sa vie allant sans heurts, mais heureusement que le monde professionnel est plein de surprises, que la coexistence généralisée se veut oppressante, et que l'hiver il fait froid. il n'en fallait pas plus pour rendre à notre petit fou le brin d'inspiration qui lui manquait pour reprendre le chemin de la chanson vraie.
voici donc un nouveau chapitre dans la construction du répertoire de boris, un plaidoyer contre l'instrumentalisation de l'humain, contre la prévalence du rôle, de la présence, un appel à la création de la Société Protectrice des Meubles Animaux. une voix, un cri...
et tant qu'à faire, pour ceux qui lisent dans le texte, voici une petite gougouille qui ne se trouvera pas dans la liste au-dessous... ils aimeront aussi apprendre que you really got a hold on me a en fait été écrit par smokey robinson pour les miracles. les beatles l'ont aussi reprise en 63. merci la culture...
mercredi 9 février 2005
aujourd'hui, boris a failli refaire son site, mais bon, ce sera pour une autre fois... (l'information, oui, le design, non)
mercredi 9 novembre 2005
il y a eu une petite sauterie musicale ce mercredi, après avoir déterré ce vieux 4-pistes qui prenait un peu la poussière sous le lit. c'était vraiment bien, en fait, genre collaboration qui ne se pose pas de questions. voilà.
lundi 14 novembre 2005
non, boris n'est pas mort. Certes, une longue absence depuis la société protectrice, mais cela ne l'a nullement réduit à l'inactivité. il faut dire que tout cet été, l'association hirsute souvent aperçue sous le sobriquet de "house dance, trance acid, underground techno et hardcore" a quasiment monopolisé sa hargne musicale.
l'histoire est néanmoins trop longue à expliquer, mais venons-en au fait : en ce triste lundi au brouillard intense et incessant, boris s'est remis au travail, seul, posé, mais animé d'une rage sans pareille. une de celles, puissante, qui surgit après une dure journée passée au sein de l'un de ces établissements sordides où l'on vole aux jeunes innocents leurs plus belles années. boris leur lance un cri, un appel, un ordre implicite et salvateur , car ces vaillants humains sont nés sous le signe de la lutte (born under the sign of struggle).
vendredi 18 février 2006
c'était un vendredi de février, tout allait bien. boris avait fait l'expérience du plaisir subtil mais ô combien intense d'aller bâfrer au Bar à Goût, où l'on déguste de la bonne chair. seulement, hélas, il avait abusé de la bonne bouteille et il ne s'y tenait plus, alors que la journée rayonnait encore de ses plus belles lumières du milieu.
s'est alors imposé à lui l'urgence de l'obligation de devoir, aussi sec, coucher sur le vif son sentiment puissant de distance par rapport au monde extérieur.
et oui, ça fait qu'il était saoul, le boris, sans honte, sans vergogne, tel un sac à vin, à peine capable de jouer juste et de chanter en même temps (ne parlons même pas de chanter juste, ce n'est pas dans ses habitudes). il était saoul.
lundi 17 avril 2006
et pouf ! revoilà boris avec une plaque conceptuelle. un exercice, une tentation assouvie... cela faisait quelques jours que lui trottait dans la tête l'envie de faire un morceau contre l'électro-rock, et un autre pour dénoncer l'injustice dont est victime la drum'n'bass, ostracisée à outrance alors que bon, il y a bien pire dans notre société, il suffit de voir la police et les toxicomanes dans nos rues.
voici donc un album entièrement réalisé en une heure, emballé dans un micro-site promotionnel bouclé quant à lui en deux heures... un petit sprint pour garder la forme, en quelque sorte... c'est toujours beau la vie.
donc pour résumer et en mp3 :
- il fait froid
- émerge featuring [trauma]miranda (écrit par fischerspooner)
- trouve ton flow (mono version)
- comment faire ?
- chercher l'amour (20' preview)
- you really got a hold on me (écrit par smokey robinson)
- tu dois saisir
- [sur mon] mini31
- j'aime encore bien
- Hervé et les enfants dans le train
- un peu, vraiment
- Société Protectrice des Meubles Animaux
- born under the sign of struggle
- je suis saoul
- écoutez l'album express sur son mini-site
parfois, boris voudrait penser que rien ne vaut le travail pour combattre
le plaisir...
et merci à gentiane pour les illustrations.
borisviolanminimalbe